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Lyon, le 27 novembre 2010 – Apparaître, entre ombre et lumière


© Michèle Rodet  -  La Porte (2007)
Rubans cousus sur toile floquée gris-rose

Cette semaine, en dépit des frimas et de la grisaille, le soleil a trouvé moyen de s’infiltrer dans mon atelier. Il a déposé l’un de ses rayons sur ma "Porte" qu’il a illuminée.
"La Porte" est le titre de l'une des tentures murales que j’ai créée. En ce moment, elle habille l’un de mes murs. Elle mesure (hors fond) 1,60 mètre de haut et 2,10 mètre de large.
Un bonheur ne venant jamais seul, le soleil a frappé ma "Porte" à l’effigie d’une feuille : elle s’est posée là, au milieu, ombre légère comme un papillon, quelques minutes…, le temps que je réalise ce qui se passe. Car, lorsque le soleil s’est invité, je travaillais à une autre oeuvre et pensais à tout autre chose. L’or des rubans a réfracté la lumière de son rayon et sa réflexion est venue troubler mon regard de sorte que, revenant à l’ici et maintenant de mon atelier, je me suis apperçue de sa présence…

© Michèle Rodet - La Porte - Détail
(Photo prise le 24 novembre 2010 après-midi)
Kai egeneto… en levant les yeux, j’ai vu ma "Porte" transfigurée. Comme si elle avait été ouverte par quelque main mystérieuse, elle donnait réellement lieu à lumière - et à ombre de feuillaison - un jour obscur de novembre alors que les arbres étaient déjà endeuillés pour la morte saison.
Frappe éphémère mais qui a scellé à perfection l’intention profonde ayant présidé à sa création, intention que j’avais manifestée par le truchement de rubans dorés  rayonnant depuis la porte.
Le soleil, bon peintre, a mis en lumière cet invisible. Il a accompli ce que je ne pouvais réaliser.
Oui ! Lorsque le réel touche la réalité du bout de l’un de ses rayons, la porte donne à voir ! Cet après-midi de novembre, sur son seuil, entre ombre et lumière, sont apparues des promesses de printemps et de renouveau…

Lyon, le 14 novembre 2010 - Mettre en lumière pour faire apparaître

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Je suis allée visiter l’exposition de peinture UN SIÈCLE DE PAYSAGE – LE CHOIX D’UN AMATEUR qui présentait 70 œuvres d'une collection privée, retraçant une histoire du paysage en peinture au XIX° siècle. Au début de cette période, le peintre regardait encore la nature comme un gisement de formes dans lequel il puisait pour dresser le décor de scènes historiques, bibliques ou mythologiques, de sorte de créer des paysages idéaux. Alors relégués à la fonction de cadre, ces paysages composites relevaient de faire-valoir plus ou moins développés.

Georges MICHEL
Campagne sous un ciel gris avant l'orage
Huile sur papier marouflé sur toile
La collection présentait des toiles de peintres dont le regard sur la nature s’est peu à peu modifié. Les artistes, en sortant de plus en plus souvent de l’atelier pour saisir la nature sur le vif – ses plans, ses atmosphères, ses éléments, sa lumière… - se sont mis à peindre « sur le motif ». 
A leur travail sur les événements atmosphériques ou naturels correspondent une touche et une palette plus libre – déjà annonciatrice de l’impressionnisme – et un re-centrage sur des thèmes qui deviennent au fur et à mesure en eux-mêmes le sujet du tableau.
Perdant peu à peu sa fonction de cadre, la nature devient le sujet propre du tableau. Et la signification jusque-là dévolue à des personnages ou à des symboles est assignée au paysage lui-même. Un autre langage apparaît.

François GIROUX (vers 1826-1829)
L'Arbre foudroyé
Huile sur toile

Un langage entre deux. Car si c’est bien la nature qui est peinte, c’est de façon que le regard du visiteur soit porté sur un événement ou un élément littéralement « mis en lumière » par le peintre : une ombre inquiétante provenant du ciel, le moignon d’une branche arrachée par la foudre sur un tronc amputé, la blessure infligée à l'écorce terrestre pour tracer un chemin. L’on ne passe plus alors par l’histoire pour penser et représenter ce qui, de l’humain ou de ses sociétés, est indicible, mais directement par un événement naturel. Plus de narration donc, mais des figures, des figures de nature pure.

Le peintre comme le poète met alors en correspondance deux « terrains », deux « champs » de représentation qu’il déplace de sorte de les situer en rapport. La puissance d’évocation - dégagée des articulations et des liens narratifs - est en quelque sorte projetée dans le regard du visiteur si bien que c’est en lui que le jeu des interprétations se déploie. Avec les scènes historiques et mythologiques, la conjugaison interprétative entre histoire et géographie sort du tableau. Le paysage, bien que toujours composé, occupe désormais toute la place.

Jean ACHARD (vers 1844) - Paysage dauphinois
Huile sur toile
Alors le peintre, de nouveau démiurge, compose une forme naturelle autre, qui est existante dans le visible pour tout le monde, mais dont le visiteur ignorait qu’elle le concernât en propre.

L'exposition UN SIÈCLE DE PAYSAGE - LE CHOIX D'UN AMATEUR s'est déroulée au Musée des Beaux-Arts de Lyon (France) de juin à octobre 2010.

Aux amateurs de conte

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Avis aux amateurs de contes, nouveaux et traditionnels :

Il était une fois… quelques amis qui se réunissaient au GOLSHANE pour se conter des histoires à la lueur des chandelles. Or un soir, des promeneurs surpris par la nuit entrèrent et bientôt les rejoignirent, mêlant des histoires de leur cru aux leurs, si bien que peu à peu , sous l'effet de la chaleur, les vitres se couvrirent de buée.
L’on jura alors de se retrouver une fois par mois…
C'est ainsi que les veillées de contes naquirent, grandirent et se développèrent.
Venez et entrez... dans la légende !

Prochaine veillée :
samedi 13 novembre - à 20 h
au  GOLSHANE 

Golshane est le mot persan pour dire Jardin de roses